Pour aider le corps à évacuer ses déchets métaboliques, rien de tel que de l’aider à se détoxifier. Certains nutriments ou aliments sont capables de stimuler les systèmes d’élimination de l’organisme.

Dans certains cas, l’activation de certaines fonctions éliminatrices de l’organisme est utile à un meilleur équilibre métabolique (balance des entrées-sorties du corps). A l’opposé, croire qu’un draineur va forcément faire maigrir n’est qu’illusion. Il faut raison garder. Certains, en effet, seront de simples diurétiques qui pourront soutenir l’élimination des toxines par voie urinaire mais pas l’élimination de votre graisse superflue.

Pourquoi réaliser une détox et surtout avant ou au plus tard pendant un amaigrissement ?

Le but de l’amaigrissement est bien évidemment de perdre de la graisse. Or dans le tissus gras, il n’y a pas que de la graisse mais également beaucoup de toxines issues directement ou indirectement des pesticides, polluants, solvants, conservateurs, colorants, certains médicaments, métaux lourds, hormones,… Ces toxines, au moment de la perte de poids, vont être libérés et se retrouver dans la circulation sanguine. Elles seront ensuite prises en charge par le foie pour être éliminées par les selles ou par les reins.

Si la personne a un foie qui fonctionne au ralenti, c’est-à-dire une bile épaisse qui s’écoule lentement ou un côlon paresseux qui souffre par exemple de constipation, ces toxines ne pourront pas être éliminées assez rapidement. Elles s’accumuleront et provoqueront des symptômes comme des maux de tête ou un mal-être général. En effet, le cerveau composé de 60% de graisse est un endroit idéal où les toxines liposolubles pourront s’accumuler si elles ne sont pas éliminées.

Il est donc primordial que nos émonctoires (nos voies d’élimination) fonctionnent de manière optimale. Ceux-ci sont au nombre de cinq :

  • Le foie,
  • Les intestins,
  • Les reins,
  • La peau,
  • Les poumons.

Pour détoxifier notre organisme de substances toxiques, il faut adopter une stratégie très simple.

  1. Réduire au maximum l’exposition aux toxiques.
  2. Limiter leur pénétration en renforçant toutes nos barrières que sont la peau et les muqueuses bronchiques et digestives. Rappelez-vous qu’une des barrières les plus importantes de notre corps est la barrière intestinale. En effet, une mauvaise barrière va permettre le passage non souhaité de toxiques qui vont aller surcharger notre foie. Les acides gras mono-insaturés et oméga-3, la vitamine C, la N-acétyl-cystéine, les probiotiques, le magnésium, le zinc, le sélénium, le silicium et le calcium contribuent à empêcher les toxiques de pénétrer dans notre organisme.
  3. Favoriser leur élimination : une fois que ces toxines sont bel et bien accumulées dans notre corps, certains nutriments ou molécules semblent particulièrement intéressants pour les en déloger :

La taurine 

La taurine est utilisée pour «conjuguer» le cholestérol et les toxiques liposolubles et les évacuer par les voies biliaires via le tube digestif et les selles [1].

Mais ces toxiques risquent d’être réabsorbés dans le tube digestif avant d’atteindre le rectum si l’on ne consomme pas assez de fibres.

Il y a donc une synergie protectrice entre la prise de taurine et la consommation de végétaux : crudités, légumes secs, oléagineux, pains semi-complets (mieux, au levain), fruits… La pectine de la pomme a par exemple la capacité d’améliorer l’élimination de polluants.


La vitamine C

Les toxiques solubles dans l’eau peuvent être captés par la vitamine C dans le sang et conduits dans les urines. Les métaux lourds peuvent être chélatés (captés) par la vitamine C et conduits vers le rein pour y être éliminés dans les urines.

La vitamine C peut s’attacher à l’éthanol, au benzène, à plusieurs dérivés de la fumée de cigarette, à des dérivés fluorés, à plusieurs pesticides et favoriser leur élimination urinaire [2] [3] [4] [5] [6].


Le glutathion

Le foie produit une quantité considérable de glutathion, le principal détoxifiant de l’organisme et qui est composé de trois acides aminés (Glu-Cys-Gly). Le glutathion du foie est exporté partout. Dans le sang où il est un grand éliminateur de toxiques, mais aussi dans toutes les cellules où, même s’il ne peut plus les faire ressortir, il peut les rendre inactifs. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, lors d’une exposition grave à des toxiques, y compris médicamenteux (paracétamol…) ou à des champignons vénéneux, la médecine à recours à la N-acétylcystéine qui permet de fabriquer plus de glutathion.

Le glutathion peut neutraliser la plupart des toxiques qui eux-mêmes, stimulent la synthèse de glutathion, à condition d’apports suffisants en N-acétyl-cystéine et en vitamine C[7].


Vitamines B6, B9 et B12

La méthylation est capable de neutraliser des métaux lourds et les excès d’oestrogènes. Elle est soutenue et/ou nécessite la présence de bétaïne et de vitamines B6, B9 et B12, ces dernières étant activées par le magnésium.


Le silicium

Le silicium précipite l’aluminium et entraîne son évacuation urinaire avant qu’il ne puisse pénétrer dans le cerveau ou prendre la place du calcium dans l’os.


Thé vert

La prise quotidienne de 500 mg de polyphénols de thé vert durant 3 mois de traitement multiplie par dix l’excrétion urinaire d’aflatoxine[8], une toxine produite par des champignons qui prolifèrent surtout en cas d’environnement chaud et humide, sur des graines et aliments tels les amandes, noisettes et autres oléagineux, ainsi que le café, les fruits secs comme les dattes, les figues,….

La prise de 400 à 500 mg de poudre de thé vert 5 fois par jour pendant un mois chez des gros fumeurs réduit de moitié la génotoxicité mesurée par des adduits de carcinogènes sur l’ADN des cellules buccales [9].


Le pamplemousse (la naringénine)

Pour jouer son rôle d’usine dépolluante et traiter les molécules indésirables charriées par le sang, le foie a besoin d’outils, appelés enzymes de phase I ou cytochromes P450. Mais cette première phase de détoxification a un inconvénient majeur : elle rend temporairement certains polluants plus toxiques encore. Pour pallier à ce problème, il faut donc veiller à ce que l’activité de ces cytochromes soit contrôlée.

Les polyphénols présents principalement dans les fruits et légumes ainsi que dans le thé vert, ont cette capacité. L’un des inhibiteurs les plus puissants des cytochrome P450 est la naringénine, un polyphénol du pamplemousse [10].

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est souvent contre-indiqué de prendre certains médicaments avec du jus de pamplemousse ou du pamplemousse. La naringénine, en inhibant les cytochromes P450, ralentissent la détoxification du médicament, augmentant dès lors la durée pendant laquelle il circule et donc son efficacité. Consultez votre médecin ou votre pharmacien avant de consommer des médicaments avec du pamplemousse [11].


Les crucifères (le sulforaphane)

Une des grandes découvertes de la nutrithérapie de ces dernières décennies a été faite par un chercheur de Baltimore, Paul Talalay qui a mis en avant la présence de sulforaphane dans les crucifères comme le brocoli, le chou de Bruxelles, les choux… Le sulforaphane active certaines enzymes impliquées dans la détoxification comme la glutathion transférase, s’avère aussi capable d’augmenter la synthèse de glutathion et d’inhiber les cytochromes P 450. Ceci explique en partie l’observation faite depuis plusieurs siècles que la consommation fréquente de crucifères contribue à protéger des risques de cancers.


Certaines plantes

Nous ne retiendrons, pour chacune d’elles, que les propriétés et indications spécifiques au surpoids et à l’obésité. Mais il est clair qu’elles ont toutes bien d’autres propriétés et indications.

Voici quelques plantes présentes dans grand nombre de préparations drainantes pour aider à l’élimination.

  • Artichaut (Cynara Scolymus), cholérétique, cholagogue, hépatoprotecteur.
  • Romarin (Rosmarinus Officinalis), cholérétique, cholagogue, hépatoprotecteur.
  • Menthe poivrée (Mentha Piperita ), cholérétique, hépatoprotecteur, lipotrope.
  • Epine-Vinette (Berberis Vulgaris), cholérétique, cholagogue.
  • Boldo (Peumus Boldus), stimulant général, diurétique, cholérétique, cholagogue.
  • Desmodium Ascendens : le premier remède hépatoprotecteur, regénérateur du foie.
  • Chardon Marie (Carduus Marianus) : cholagogue laxatif, cholérétique, diurétique, hépatoprotecteur.
  • Curcuma Longa : hépatoprotecteur avec le Desmodium, anti-inflammatoire.
  • Radis noir (Raphanus Sativus Niger) : cholagogue, le plus puissant.
  • Fumeterre (Fumaria Officinalis) : cholagogue, dépuratif du foie et des reins.
  • Thé de Java (Orthosiphon Stamineus) : diurétique, uricosurique, cholagogue.
  • Prêle (Equisetum Arvense) : diuriétique et reminéralisante par sa richesse en silicium.
  • Queue de cerises (Cerasus vulgaris) : diurétique, laxatif.
  • Reine des prés (Spirae ulmaria) : diurétique, cholérétique, anti-inflammatoire.
  • Bardane (Arctium Lappa) : dépuratif, sudorifique, diurétique, cholérétique.
  • Souci (Calendula Officinalis) : dépuratif, sudorifique, diurétique.

Et encore : Pissenlit (Taraxacum Dens Leonis), Solidago (Solidago Virga Aurea) pour son action diurétique, Ortie brûlante (Urtica Urens) contre les diarrhées, Saponaire (Saponaria Officinalis) contre les excès de toxines et la constipaton, Chelidoine (Chelidonium majus) pour son pouvoir cholérétique puissant (augmente cinq fois la production de bile), Genevrier (Juniperus Communis) pour le diabète et le drainage anticellulite, la Betterave rouge (Beta Vulgaris) pour toute lésion organique du foie, le Noisetier (Corylus Avellana) pour son action dépurative et antisclérose du foie, toutes les plantes de détoxification hépatique qui ont aussi une action cholagogue : le romarin, l’épine-vinette, le boldo, l’ortie,…, l’Aubier de Tilleul (Tilia Sylvestris)  pour son pouvoir cholagogue et draineur hépato-rénal, la Melisse (Melissa Officinalis), …

Divers

La peau élimine une masse importante de toxines. La sueur est une évacuation normale de déchets organiques. Elle participe, elle aussi, au processus de détoxication. C’est pourquoi il est essentiel de réaliser une activité physique, des saunas qui activeront cet émonctoire.

On peut aussi évacuer des polluants au moment de l’expiration pulmonaire. Afin d’augmenter cette élimination, il est important d’augmenter la ventilation, la respiration complète, la pratique de sport.


    En pratique : 

  • Eviter les produits industriels
  • Consommer plus de végétaux que de produits animaux afin de diminuer les apports en perturbateurs endocriniens, mais aussi d’augmenter l’apport de nombreux nutriments protecteurs : antioxydants, stimulants de la détoxification (en particulier dans les crucifères qui contiennent du sulforaphane), anti-inflammatoires, stimulants de la réparation de l’ADN
  • Boire au moins 1,5 l d’eau minéralisée, de thé vert, d’infusions comme hibiscus ou roïbos
  • Consommer régulièrement des grenades, des myrtilles, du cassis, du pamplemousse
  • Pratiquer une activité physique régulière 
  • Si possible, réaliser une séance de sauna, des drainages lymphatiques
  • Croquer de la vitamine C et prendre 400 à 500 mg de N-acétyl-cystéine afin d’optimaliser la production de glutathion
  • Faire des cures de détoxification : un complexe contenant une synergie de principes éliminateurs et neutralisateurs, comme la taurine, le sulforaphane, vitamines B6, B9 et B12 (pour soutenir la méthylation) et des plantes détoxifiantes
  • Les cures détox devront être suivies avant de commencer le programme de perte de poids et pourront être répétées pendant l’amaigrissement en fonction des besoins, de la clinique et de la durée de l’amaigrissement

Pierre Van Vlodorp

 

  • [1] Etude : R. Huxtable, Xenobiotic conjugation, in Huxtable R, Physiological actions of taurine, Physiol Rev, 1992, 72, 141
  • [2] Chakraborty D, Studies on L-ascorbic acid metabolism in rats under chronic toxicity due to organophosphorous insecticides : effects of supplementation of L-ascorbic acid in high doses; J Nutr, 1978, 108, 973-980
  • [3] Sprince H, L-ascorbic acid in alcoholism and smoking protection against acetaldehyde toxicity in an experimental model; Int J Vitam Nutr Res, 1977, supl 16, 185-217
  • [4] Zannoni VG, Ascorbic acid, alcohol and environmental chemicals, Ann NY Acad Sci, 1987, 498, 364-388
  • [5] Zannoni VG, Drug metabolism and ascorbic acid, Int J Vitam Res, 1977, 16, 99-137
  • [6] Forsmann S, Benzene poisoning. II. Examination of workers exposed to benzene with reference of estersulfate, muconic acid, urochrome A and polyphenols in the urine together with vitamin C defiency. Prophylactic measures; Acta Med Scand, 1947, CXXVIII, 256-280
  • [7] Guoyao Wu, Yun-Zhong Fang, Sheng Yang, Joanne R. Lupton and Nancy D. Turner; Glutathione Metabolism and Its Implications for Health; J. Nutr. 134:489-492, March 2004
  • [8] Tang L, Tang M, Xu L, Luo H, Huang T, Yu J, Zhang L, Gao W, Cox SB, Wang JS; Modulation of aflatoxin biomarkers in human blood and urine by green tea polyphenols intervention; Carcinogenesis. 2008 Feb;29(2):411-7. Epub 2008 Jan 12.
  • [9] Schwartz JL, Baker V, Larios E, Chung FL; Molecular and cellular effects of green tea on oral cells of smokers: a pilot study; Mol Nutr Food Res. 2005 Jan;49(1):43-51
  • [10] Moon YJ, Wang X, Morris ME ; Dietary flavonoids: effects on xenobiotic and carcinogen metabolism; Toxicol In Vitro. 2006 Mar;20(2):187-210. Epub 2005 Nov 11
  • [11] Jawad Kiani and Sardar Z Imam; Medicinal importance of grapefruit juice and its interaction with various drugs; Nutr J, 2007; 6: 33

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