A un moment donné, on peut avoir faim ou bien avoir juste avoir envie de manger. Il n’est pas toujours facile de faire la part des choses…
Pour y parvenir, il est essentiel de reprendre contact avec ses sensations corporelles. Ce qui signifie, être capable de faire la différence entre deux sortes de faim : la faim physiologique et la faim psychologique.
Si vous avez vraiment faim : une faim physiologique
La faim physiologique est un besoin de nourriture pour le corps dans le but de produire de l’énergie. Les manifestations de la faim diffèrent d’une personne à l’autre. Parmi les plus fréquentes : une sensation de faiblesse (manque d’énergie, petits vertiges) et un trouble de l’humeur (irritabilité).
Si vous avez souvent « vraiment faim », c’est que vous êtes mal nourris !
Les carences en nutriments essentiels provoquent les sensations de faim, d’insatisfaction, et de frustration… donc on compense en mangeant plus! Pour essayer d’obtenir la quantité de nutriments indispensables que notre corps nous réclame, nous sommes amenés à consommer davantage de produits (de mauvaise qualité) qui vont apporter à notre organisme des calories vides qui seront inutilisables et que le corps va stocker sous forme de graisse.
Demandez-vous pourquoi les gens mangent trop : Ils mangent trop parce qu’ils sont « mal nourris », à la stricte exactitude du terme. Et quand on est « mal nourri », on a envie de manger. Les envies ne sont autre chose qu’une manifestation de l’organisme qui réclame quelque chose.
Réfléchissez-y !
Un corps bien nourri n’a pas faim. Un corps correctement nourri n’est pas frustré, et n’a pas d’envies incontrôlables de manger… les milliards de cellules qui composent notre organisme (et sont à la base de toute vie), ne mangent pas de viande, de pâtes ou de légumes. L’alimentation fondamentale de notre corps est constituée uniquement de « nutriments » : protéines, glucides, lipides, vitamines, minéraux…
Ce « supercarburant » dont notre machine humaine a besoin, doit impérativement lui être apporté tous les jours de manière équilibrée, sous peine de « panne sèche ». Ce « supercarburant » est extrait de notre alimentation, « raffinée » à partir des aliments bruts qui sont envoyés dans notre tube digestif.
On comprend donc que si l’alimentation est riche en substances nutritives, il ne faudra que peu d’aliments pour atteindre la quantité et la qualité de nutrition indispensable.
Par contre si l’alimentation est très pauvre en substances nutritives, il faudra d’autant plus d’aliments. Pour schématiser, si notre organisme a besoin, disons de 100 grammes de nutriments, il lui faut ces 100gr. Peu lui importe que pour extraire ces 100 gr. il faille 1 ou 10 kilos de nourriture, la seule chose qui compte est le résultat final : une fois raffiné (digéré) il doit rester 100 gr. de nutriments. Si nous sommes obligés de manger 10 kilos pour obtenir ces 100 gr, il est bien évident que toutes ces calories inutiles vont être transformées en graisse que le corps va stocker…
Exemple :
Une autre raison qui peut vous provoquer une VRAIE faim est
l’hypoglycémie réactionnelle :
La consommation d’aliments à IG élevé favorise des hypoglycémies réactionnelles. L’ingestion de ces aliments engendre la sécrétion d’un pic d’insuline qui provoque alors une chute brutale du sucre sanguin. Une vive sensation de faim apparaît. C’est la fringale ! On entre ainsi dans le cercle infernal du grignotage qui peut aller jusqu’à la boulimie.
C’est pourquoi il est très important de ne pas démarrer la journée avec un petit déjeuner sucré sous peine d’augmenter la faim, les fringales, et influencer votre humeur.
>>> Plus d’infos sur le petit déjeuner idéal !
Je n’ai jamais motivé, mes patients à ne pas grignoter car la motivation fait appel à la volonté. Or, dans le cadre d’une hypoglycémie, nous n’arriverons pas à la gérer avec simplement de la volonté, au contraire il vaut mieux manger du sucre pour remonter rapidement notre glycémie à la normale.
La solution réside à ne pas avoir cette « envie » de grignoter ! C’est évidemment plus simple de se priver d’une sucrerie quand nous n’en éprouvons pas l’envie.
Si vous n’avez pas faim mais envie de manger : une faim psychologique 🤯
Une envie de manger agit comme un mécanisme de défense contre des émotions incontrôlables, négatives ou positives. Une manière de se détourner de pensées douloureuses. Manger permet de ne pas penser, et lutter contre l’envie de manger permet aussi de ne pas penser. Merveilleux système que voilà : on mange ou on ne mange pas, dans les deux cas, on ne pense qu’à ça, et donc pas à… Pas à quoi ? Ah, mais, je n’en sais rien, je donne ma langue au chat. Et le chat, c’est vous, bien sûr.
Si vous ne le savez pas non plus, alors demandez-vous : à quoi ne veux-je surtout pas penser ?
Comme vous voyez, il se peut que l’aide d’un psychologue – psychothérapeute – coach… soit requise, afin de retrouver ces penses douloureuses, et de parvenir à les rendre moins douloureuses, de telle sorte que chocolat, pâtisserie, pizza et pâtes ne soient plus rien d’autre que de sympathiques aliments.
Concrètement, en attendant une psychothérapie que je conseille à certains de mes patients, on peut déjà avoir recours à quelques outils.
Mettons nous en situation, vous êtes à deux doigts de vous jeter sur un paquet de cookies… Pourquoi pas ? Mais avant de passer à l’acte, interrogez-vous : est-ce de l’envie ou de la faim ?
Si c’est de la faim, mangez !!! Sinon, demandez-vous ce qui motive votre envie. A ce moment précis, êtes-vous triste ? Stressé ? En colère ? Euphorique ? Avez-vous besoin de réconfort ? En effet, nos pulsions et nos fringales sont souvent le signe d’une perturbation d’ordre émotionnel : nous mangeons pour éviter d’être trop envahis par une émotion.
Il faut savoir qu’au moment de cette fausse faim, votre corps ne vous réclame pas des cookies mais du plaisir suite au stress de la journée de travail par exemple. Peut-être avez-vous besoin de compenser de vous évader…
L’hormone du plaisir est universelle, c’est la même qui se libérera dans votre cerveau que vous mangiez votre friandise préférée ou que votre conjoint vous fasse un câlin ou que vous respiriez une odeur agréable ou bien que vous écoutiez votre musique préférée.
Nous avons 5 sens, il s’agit de les développer au maximun afin que le sens gustatif fasse partie des autres mais ne soit pas utilisé en exclusivité pour nous apporter du plaisir!
On comprendra qu’une personne épanouie, heureuse, remplie de bonheur et qui aura travaillé à développer ses 5 sens aura plus de solutions pour compenser d’une journée de stress.
En réalité, je vous décris une personne qui sait s’occuper d’elle en s’octroyant des moments de détentes, de plaisir, en vivant sa passion … plus le cerveau sera « inondé » de cette hormone du bonheur moins vous aurez besoin de manger pour aller mieux puisque vous allez déjà mieux !
Imaginons une personne qui n’a pas travaillé à s’occuper d’elle et que quand vous lui demandez ce qui la rend heureuse dans la vie, elle doit réfléchir pour vous répondre… Et pourtant, elle a aussi besoin de se faire du bien après sa journée de travail.
Alors que son corps lui demande de se faire du bien, elle fait une interprétation et se dit : « je sais ce qui va me faire plaisir : des cookies, un apéro… » et en effet, ça peut la combler mais cette sensation de plaisir gustatif est très éphémère et lui procurera très vite une autre sensation pas très agréable celle-ci : la culpabilité.
Je vous propose de mettre vos envies à l’épreuve ! Comme le cerveau ne vous réclame pas des cookies mais du plaisir, donnons lui du plaisir mais autrement. J’espère que vous n’êtes pas dépendant(e) uniquement de la « bouffe » pour avoir du plaisir, être heureu(x)se…
A ce moment, vous devez trouver des substituts à la nourriture pour donner à votre cerveau ce qu’il réclame : du plaisir !!!
Voici quelques gestes de substitution (à compléter avec idées personnelles)
- Faire une respiration complète consciente
- Auto-massage ou massage par un membre de la famille (trapèze, nuque, tête,…)
- Se relaxer dans un bain (parfumé aux huiles essentielles) ou sous une douche
- Se passer de l’eau sur la figure
- Respirer un parfum, une huile essentielle, une fleur,…
- Ecouter de la musique ou ses chansons préférées
- Consacrer quelques minutes à un passe-temps qu’on aime : mot-croisés, sudoku, puzzle,…
- S’aérer dans le jardin, jardiner,…
- Aller faire de l’exercice
- Embrasser, étreindre (un partenaire, un animal, une peluche,…)
- Contemplation du ciel, des fleurs, de photos,…
- Visualiser les « meilleurs souvenirs », les images préférées « comme si on y était » ! Par exemple les meilleurs souvenirs de vacances passées, de bons moments avec des personnes chères, des succès professionnels ou personnels mais aussi visualiser la réussite d’un projet, une rencontre avec quelqu’un…
- Relaxation, exercice de Recharge-Décharge (youtube JP Curtay), Tai-Chi, Chi-Kung, Yoga, méditation
- Chanter, danser
- Sourire, rire (regarder son humoriste préféré quelques minutes…)
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Lorsque vous êtes en situation de « craquer », vous devez avoir recours à une liste de gestes à substituer à celui d’ouvrir le frigo, d’entamer la tablette de chocolat, de se verser un verre d’alcool…ou d’allumer une cigarette (le problème est le même).
Si malgré cela, cette envie de cookies perdure, mangez ces biscuits avec plaisir, sans culpabilité. Il y a de fortes chances pour que le travail préalable sur vos émotions vous aide à rester dans les limites du raisonnable. De plus nous vous conseillons d’utiliser un outil essentiel que le docteur Jean-Paul Curtay nous a enseigné : LA MEDITATION ALIMENTAIRE qui vous permettra de consommer votre aliment sans excès, sans culpabilité et avec plus de plaisir !
- Comprendre la différence entre aliment-plaisir et aliment-santé
- Il s’agit de déguster en portant 100% d’attention sur ses sensations (comme l’aveugle qui accorde un piano)
- demander à ne pas être dérangé
- faire le silence (TV, radio, téléphone…) ou mettre de la musique douce
- prendre l’aliment-plaisir et un gobelet
- s’ installer le plus confortablement possible
- fermer les yeux
- sentir le parfum de l’aliment
- le mettre dans sa bouche et le garder sans mâcher au moins une minute en se concentrant à 100 % sur la texture
- chasser les pensées-parasites
- mâcher sans avaler en se concentrant à 100 % et chassant les pensées-parasites et garder 4 à 5 minutes
- rejeter dans le gobelet
- En pratique au moins une fois par jour, comme un moment de détente, par exemple lorsque l’on rentre du travail et chaque fois que l’on ressent une pulsion pour du sucré ou un aliment-plaisir
Répercutions directes et indirectes de cette méthode :
- Directes : Satisfaction considérablement augmentée (vous aurez l’impression de n’avoir jamais goûté le chocolat comme cela), satisfaction partielle de la faim, détente (sert de relaxation), acquisition d’une impression générale de contrôle
- Indirectes : Meilleures conditions (assis, amis, calme…), meilleur choix des aliments, petites bouchées mieux goûtées, plus petites quantités mieux mâchées, mieux digérées (augmentation du rendement alimentaire)
Petite histoire pour illustrer l’alimentation psychotrope :
J’avais en consultation une jeune fille qui souffrait très régulièrement de crises de boulimie. Je lui explique qu’elle utilise la nourriture comme un psychotrope, pour apaiser son stress, frustration, son manque d’amour… Je lui donne d’ailleurs les coordonnées d’une amie psy pour l’aider à identifier. En fait, elle vivait une situation familiale et sociale difficiles : en plein divorce, elle n’avait pas un travail qui pouvait l’aider à compenser cette situation. Elle travaille de nuit comme technicienne de surface dans de grandes entreprises où elle croise rarement le regard de quelqu’un et elle en retire très peu de valorisation. Elle m’explique qu’au petit jour, comme presque à chaque fois qu’elle revenait d’une nuit de travail, elle a déposé les ¾ du contenu de son frigo et de son armoire sur la table…représentant à peu près tout ce qui allait lui passer sous la dent, mais cette fois-ci le téléphone est venu perturber son élan de boulimie… Sa meilleure amie est au bout du fil… Après 3 ans d’essais infructueux, celle-ci lui annonce qu’elle est enfin enceinte et que tout se passe pour le mieux pour elle et le bébé. Elle lui annonce par la même occasion qu’elle l’a choisie pour être la marraine. Leur conversation a duré plus de 2 heures, avec des rires et des larmes d’émotion et de joie, … après avoir raccroché, elle est montée directement guillerette dans la salle de bains pour se faire couler un bon bain chaud et s’est glissée dans son lit sereinement. Au réveil, qu’elle ne fut pas sa surprise de découvrir sur la table de la cuisine ce qui devait constituer son orgie avant d’avoir son amie au téléphone… et qu’elle avait tout simplement oublié. Elle a donc compris que son élan vers la nourriture n’avait aucun lien avec la faim mais bien par contre avec son besoin de compenser son mal-être. Moi-même, j’ai besoin aussi de me faire du bien. Au plus ma journée de travail sera intense, au plus je vais m’octroyer des moments « plaisir » : Mes consultations terminées, je vais jouer avec mes enfants et si possible dans le jardin si le temps le permet ; Je me prépare et pars courir pendant 15 – 20 minutes (pas plus car je n’ai pas bcp de temps car il est déjà tard). Ensuite, je me détends dans un bon bain et retourne alors auprès de mes enfants pour leur raconter une histoire et donner le dernier câlin qui les conduira vers le sommeil. A l’occasion, je m’octroie un massage relaxant, …
Ma rude journée s’est donc dénouée par une série de moments agréables qui m’ont apporté détente et calme. Ce n’est qu’alors et si besoin que je me mets à table avec mon épouse et que je dégusterai notre repas. Il en aurait été tout autrement si tous ces petits rituels n’avaient pas été accomplis. Je serais certainement sorti de mon bureau et me serais réfugié directement dans une armoire ou dans le frigo pour y trouver mon moment de plaisir, à savoir : dévorer une tablette de chocolat, un apéritif ou encore quelques gaufres fraiches refroidissant sur la table de la cuisine, … et pourquoi pas les 3. Je ne serais donc pas laissé le temps de savoir ce que mon corps ou mon ventre veut ou a besoin, mais bien assouvir un besoin de plaisir dicté par mon cerveau, et tel un radar, si le seul plaisir programmé est le « sucre »… il ne me laissera pas le temps de réflexion pour trouver une alternative et me conduira automatiquement à la source du plaisir, la cuisine !
D’autres raisons peuvent nous pousser à manger :
L’habitude, en fonction de notre environnement
Une règle importante : il faut toujours consommer un aliment pour ce qu’il est !
Ex : j’ai envie d’un bon verre de vin pour gouter sa saveur, avoir un plaisir gustatif…… , OK consommez-le en pleine conscience.
Par contre, je bois un verre de vin car je trouve que je le mérite car j’ai bien travaillé ou parce que c’est le we, ou vendredi soir,…. ATTENTION !! Dans ces conditions vous créez une association : vendredi soir = Vin. Jusque là ce n’est pas encore grave en soi mais il arrivera que vous preniez une verre parce que c’est le we et plus parce que vous en avez vraiment envie ! Plus grave, si vous utilisez le vin ou l’apéro pour vous détendre de votre journée de travail ; le jour où vous traverserez une période difficile, votre cerveau vous rappellera vite : « le vin va te détendre » et votre consommation qui était de 1 verre va passer rapidement à 1 bouteille.
la vie est faite perpétuellement de haut et de bas !!!!
Par exemple…
- L’association que nous faisons du restaurant avec les excès ! Peu importe votre faim, vous prendrez automatiquement un dessert car resto rime avec entrée /plat /dessert !!! Je vais très souvent au restaurant mais je mange comme si j’étais à la maison. Si j’ai envie d’un dessert je le prends comme à la maison, si j’ai envie d’un verre de vin je le prends et inversement.
- L’association : vacances = excès !! pourtant chez d’autres, vacances = culture ou sport ou repos ou randonnées ou nature, …. Si Vacances = excès, vous ne pourrez pas vous empêcher d’acheter des friandises et des sodas à la première pompe à essence … car la route des vacances, c’est déjà les vacances et les vacances c’est les excès. Quelque chose que vous ne feriez peut-être jamais le reste de l’année lorsque vous faites le plein de votre voiture.
Pour partager un moment en famille 🤗
Beaucoup de nos patients, nous prétextent qu’ils ont besoin d’un repas (très souvent le souper) pour partager un moment en famille. Quid s’ils n’ont pas faim ? Malheureusement, ils ne se posent pas la question et quant bien même s’ils n’avaient pas d’appétit ils passeraient à table car le repas en famille : c’est sacré !!!
Prenez donc la peine de vous remémorer et de visualiser le dernier repas familial en prenant de la hauteur, un peu comme si vous survoliez votre propre table avec autour d’elle votre conjoint, vos enfants et vous même. Dans quel état d’esprit êtes-vous ? De quoi parlez-vous ? Qu’est-ce que vous voulez et recherchez à ce moment ? … et votre conjoint ? … et vos enfants ? Avez-vous faim ?
Scénario classique d’une fin de journée en semaine :
Il est 18h, moment de conscientisation pour le timing restant avant le coucher des enfants. Supposons que les activités extra-scolaires et les devoirs sont faits. Il reste en moyenne entre 1h30 et 2h pour préparer le repas, manger et faire manger les enfants, donner le bain et les mettre au lit… Autant dire que la liste est longue et pas des plus aisées à réaliser comme on le voudrait. Il est clair, que tout est bien plus gérable si les 2 parents s’y mettent pour accomplir ces tâches mais ce n’est pas toujours techniquement ou culturellement possible. Le problème principal reste le même, comment nous sentons-nous lorsque nous glissons les pieds sous la table ? Le choix et la complexité de préparation du repas concocté ainsi que l’accueil que votre progéniture et votre conjoint lui réserveront aura un impact direct sur votre état d’esprit.
Après avoir négocier les proportions en fonction des goûts de chacun, on se dépêche d’engloutir le contenu de son assiette ou alors la laisser de côté pour mieux s’occuper de celles des enfants et n’accordant pas trop d’attention à ce que nous mettons en bouche.
Il n’est pas rare de devoir ramasser la cuillerée que le fiston a jetée par terre ou à essuyer le gobelet d’eau que la petite a renversé sur la table en voulant se servir toute seule… quand je pense au temps que ça a pris de faire ce repas, il est inconcevable de quitter cette table sans avoir fini son assiette ! La tension monte d’un cran ! Au même moment, nous essayerons tout de même de tenir une conversation plus ou moins constructive entre-coupée d’interventions enfantines (cris, récit enthousiaste, … pleurs !). Là aussi, la tension dépendra directement de la journée vécue au travail, l’ambiance entre collègues, les factures reçues, ou les problèmes ménagers qui ne sont toujours pas réglés…
Toutes ces décharges émotionnelles se sont donc installées également à notre table ; ce dont nous n’avons pas encore conscience c’est que nous sommes les seuls à les avoir invitées à partager ce moment que nous avons idéalisé et adopté de « moment familial »…
Dans ces conditions, vous comprendrez qu’il est difficile d’être dans son assiette et d’apprécier sereinement les aliments qui vous seront servis, de goûter, de conscientiser, d’y trouver du plaisir.
> Conséquence vous mangez plus car on ne ressent la satiété qu’en pleine conscience. Votre corps vous envoie à la moitié de votre assiette le message « Stop, on a assez de carburant pour produire de l ‘énergie jusqu’au repas suivant » mais comme vous êtes concentré sur votre environnement et pas assez sur votre assiette, vous n’ « entendez » pas le message et continuez à manger ! Mais après le repas, affalé dans le divan, vous comprendrez que vous aurez trop mangé ! Ahh si vous vous étiez écouté !
> Digestion plus difficile par manque de mastication ou stress à table. Avez vous déjà manger un repas sous stress ? ballonnement assuré !
La satiété n’est pas uniquement liée aux quantités mais surtout à la conscientisation de chaque bouchée. Revenez un instant en arrière, lors du dernier festin de fêtes de fin d’année que vous avez pris en famille ou entre amis. C’est la fête, vous êtes généralement entouré de personnes qui vous sont chères, votre famille : vos parents, vos enfants, frères-sœurs, … vos amis. Les conversations sont passionnées, les enfants trépignent de joie en ouvrant leurs cadeaux, …
Avez-vous compté le nombre de zakouskis, de chips ou d’amuse-bouches que vous avez mis en bouche machinalement ? Avez-vous compté le nombre de verre que vous avez bu ? … vous allez seulement vous mettre à table et votre sensation de faim ne devrait déjà plus exister. Or, vous réussirez tout de même à prendre une entrée, voire deux, un plat souvent trop copieux, goûter au joli plateau d’assortiment de fromages et terminer normalement par la fameuse bûche incontournable pour caller le tout. Vous n’avez peut-être même pas remarqué que votre café, thé ou pousse-café était servi avec quelques migniardises … vous les avez tout de même grignottées.
Essayez donc de remanger exactement la même chose mais chez vous et au calme, … je vous garantis que ce sera mission impossible ! Il serait sans doute probable que vous ne puissiez plus rien mettre en bouche après les zakouskis qui vous ont été servis à l’apéro. Tout simplement par ce que votre attention n’aura pas été déviée de votre assiette.
Personnellement suite à mes horaires professionnels souvent tardifs , je ne partage pas mon repas du soir avec mes enfants. Enfin, parfois j’aide mon épouse à leur donner à manger mais en règle générale je ne mange pas en même temps qu’eux. Par contre, après leur repas, je leur octroie toujours un moment privilégié. Ce moment leur est consacré à 100% et ne sera pas perturbé d’autres parasites : on joue, je lis une histoire, je leur fais des câlins, je les écoute me raconter leur journée et leurs exploits. Je suis dans leur univers et ils adorent ça … et moi aussi! Ce qui me paraissait contraire à la bonne éducation, ne pas partager le repas du soir en famille, s’est avéré très bénéfique dans les relations que j’entretiens avec mes enfants.
Si vos repas familiaux sont chargés de stress, d’émotions positives ou négatives et que les tensions sont permanentes autour de la table, essayez d’imposer le calme, voire le silence et annoncez au préalable, pour éviter les frustrations, que chacun disposera d’un temps de parole après le repas!
Obliger un enfant à rester à table malgré qu’il ait terminé son repas est une habitude purement égoïste de l’adulte, déguisée en règle de politesse. C’est certainement une manière pour justifier d’avoir passé du temps avec ses enfants.
Demandez à votre enfant ce qu’il souhaite de vous si vous lui proposer ½ heure rien que pour lui… ce ne sera certainement pas de se mettre à table avec vous.
Par plaisir 🥰
Nous prétextons trop souvent être des épicuriens pour justifier un comportement alimentaire quasi boulimique lors de repas gargantuesques en soirée ou pendant les fêtes (anniversaire, mariage, fêtes de fin d’année,…), devant des buffets « all inclusive » en vacances, ou tout simplement lorsque nous sommes au restaurant.
Or, l’épicurien gastronome est à la recherche de saveurs, de textures, d’arômes, de tout ce que l’art culinaire peut proposer en subtilité, délicatesse et raffinement. Il se souciera souvent de l’origine, des conditions d’élevage, de production, de mode de cuisson…
Le véritable épicurien, vous le trouverez à la table d’un restaurant gastronomique ou d’un producteur local à observer, sentir, regarder et savourer chaque bouchée… d’un produit frais ou d’un met savamment préparé et cuisiné. Si vous le forcez à avaler les mêmes aliments, même en quantités supérieures, mais en ne lui laissant pas le temps de les apprécier, il ne sera certainement pas comblé et sera sans aucun doute frustré de ne pas avoir assouvi ses besoins et désirs gustatifs.
Le plaisir n’est donc pas une question de quantité mais bien de conscientisation
Ex : le sommelier est un merveilleux représentant de la catégorie des épicuriens. Demandez-lui donc de choisir sa meilleure bouteille. Vous ne le verrez pas se contenter de débouchonner la bouteille et d’en verser le contenu dans les verres de ses convives. Non bien sûr !!!
Avec le plus grand soin, il sortira la bouteille de son écrin (cave à température exacte, inclinaison idéale, …). A l’aide d’un chiffon doux il essuiera délicatement la précieuse bouteille et consciencieusement avec un mielleux sourire nous fera un descriptif des plus complets. L’année, le cépage et le terroir, le lieu et maison de production pour décliner son identité, les caractéristiques géologiques, climatiques ainsi que les procédés d’extraction, de macération, de maturation, et de garde, pour cerner son caractère. Ce n’est qu’ensuite qu’il prendra le soin de débouchonner délicatement la bouteille, sentir le bouchon, avant de déverser une larme du précieux breuvage dans un verre savamment étudié pour exprimer toutes les saveurs et arômes du vin. Il le fera tourner plus ou moins vite, l’inclinera et observera sa texture, sa couleur, son reflet, et traces laissées sur le bord du verre. Il plongera le nez au bord et humera profondément les parfums délicats fruités ou boisés qui s’échapperont subtilement.
La mise en bouche sera tout aussi attentionnée, le vin sera siroté en petites quantités pour l’aérer, et voyagera dans toute la bouche ; langue, palais et joues participeront à déterminer les différentes particularités et déclinaisons du goût perçu.
Cette toute première gorgée sera la plus intense parce qu’elle a été tout simplement sublimée.
Les autres gorgées seront sans doute moins protocolaires mais le souvenir de la 1ère a été enregistrée par le cerveau, ce qui lui permettra de prolonger le moment de plaisir. Le sommelier n’aura donc pas un besoin compulsif de se resservir et terminera sans doute son premier verre après que d’autres finiront quant à eux leur 2ème bouteille.